Pierre Soulages. Présences d’outrenoir.

Format : 15×21 cm, 76  pages

Extraits

« Voici, offerte à notre fréquentation contemplative, une œuvre – une présence, pourrait-on dire – de Pierre Soulages : Peinture, 56 cm x 39 cm, 08/07/2013. Cette petite peinture outrenoire vit, bouge, s’immobilise un instant, souveraine, s’éclaire et s’assombrit, croise en elle, de mille façons au fil du temps, diverses panoplies de l’obscur, du noir, du gris et de la clarté ; elle se fait hypnotique, navette ensorcelante du rien et de la plénitude, de l’intégrale matière et d’une dimension sacrale ; elle est émettrice de déclinaisons rythmiques de maintes variétés de son noir lumière. Présence, présences… qui nous convient à une aventure silencieuse en contrée d’inconnu ».

[…]

Voici, sans cadre ni baguette, un fait de présence et de concrétude, une totalité indécomposable, une masse résistante, un vrai corps pictural scarifié en creux et en reliefs, aux antipodes d’une toile plus ou moins flottante et dégradable où s’agiteraient l’illusion et le feu follet d’un signifié absent ; l’unité d’un bloc de bitume rainuré et maçonné, le travail d’un peintre qui est un « sculpteur » et un « architecte » de la lumière et de la nuit.

[…]

L’expérience, toujours inachevée et fervente, d’approche de cet inconnu, de ses présences d’outrenoir où s’opèrent des fusions, échanges, basculements, transmutations de la ténèbre et de la clarté, exigerait un au-delà du langage pour l’expression de son mystère, un « outrelangage » faudrait-il dire. L’œuvre ainsi contemplée ouvre bien à « un autre champ mental que celui du simple noir» (Pierre Soulages) ; elle est encore creusement, sinon éclairement, de ce que cette peinture touche en nous de plus profond ; elle nous conduit aux abords de cette « Cinquième saison » qui « n’a pas d’âge et ne relève pas du calendrier, qui vit en nous (…) et c’est bien à nous de la voir (…) dans le puits au fond de nous » (Victor Segalen).