Lumière du noir

Un article dans Les Izvestia

La noblesse du noir

Publié dans Les Izvestia du 27.09.2001 (traduit du russe, extrait de l’article)

[…]
Les 37 peintures étaient à l’Ermitage. Les immenses toiles inondées par l’épaisse couleur noire qui scintillait vraiment de façon singulière dans la salle Nicolaevsky – grande et claire, avec des murs blancs, des décors dorés et des lustres en cristal, – avaient l’air d’extra-terrestres. Comme un débarquement de moines dans un monde de fête permanente… Dans les murs « quelconques » de la Trétiakov la puissante peinture de Soulages est beaucoup plus impressionnante, plus naturelle, encore qu’elle puisse paraître assez univoque. Evidemment pas pour les fanatiques du noir. La raison de cette impression n’est pas tellement Soulages lui-même ni la méthode choisie par lui. Le manque de familiarité avec la peinture abstraite de la part des spectateurs s’y fait sentir. Dans notre pays, sans parler de la légendaire exposition américaine du temps de Khrouchtchev dont peu de gens se souviennent, on n’a jamais montré de l’art abstrait de qualité. […] Soulages est l’un des rares européens que l’on peut mettre (et exposer dans un musée) à côté des coryphées de l’école new-yorkaise. […]
L’exposition de Soulages à la Trétiakov ne fera probablement pas plaisir à tout le monde (bien qu’elle ait au moins un spectateur reconnaissant) elle apportera plutôt l’expérience d’une autre vision, d’une autre compréhension de la peinture. Cette expérience est très importante pour ceux qui aiment et essayent de comprendre l’art, étant donné qu’aucune reproduction ne peut vous faire ressentir le flot d’énergie de couleur physiquement ressenti qui submerge celui qui regarde les énormes toiles d’un des maîtres de la peinture abstraite.
Olga Kabanova.

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